Je peins avant tout sans pinceaux.
La démarche, avant la peinture, c'est le premier regard, un regard vagabond ouvert, à l'affût de la moindre lumière, de l'ombre secrète, de l'insolite.
Mon univers artistique est ensemencé par la contemplation du monde autour de moi, l'observation d'un brin d'herbe, d'une goutte d'eau au soleil, du vol d'un oiseau, de la flamme d'une bougie .….finalement je « ne fais rien sinon rêver ».
Je dois dire quand même que j'ai une propension naturelle à considérer à considérer une pierre comme une montagne à part entière ou une tige de persil comme un conifère accroché peut-être à cette même montagne…. Evasion de petits riens, concrètement voyage au creux de l'atelier… voyage au long cours… car après une période figurative le besoin d'ailleurs s'est imposé.
Je pressentais d'autres aventures, l'appel du risque et de l'inconnu. Je me suis approchée de plus en plus vers la non-figuration ; cette exploration m'enrichit d'émotions et m'emmène désormais vers des terres inexplorées me laissant toujours dans l'attente impatiente du prochain départ.
Cette intuition ne m'a pas trahie, l’abstraction est pour moi la porte ouverte sur le monde dans sa complexité fascinante avec un sentiment d'étonnement perpétuel.
La porte se referme cependant sur le recueillement de mon atelier là où je me sens en harmonie avec celle qui peint, honnête et ardente.
Le dialogue s'installe rapidement entre l'outil et la toile, une seule tâche, une seule ligne déclenche le processus sensoriel ; la matière s'installe en grâce et le couteau incisif détruit aussitôt sa superbe.
Tout est à recommencer, savoir passer outre…. un autre miracle surgira car c'est bien de cela dont il s'agit, la peinture est un mystère….qui ne finira jamais de m'envouter.
Le mélange jaune, bleu fait du vert. Incroyable non.